« Bitcoin renforce le dollar », déclare le PDG de Coinbase

À première vue, cela peut sembler paradoxal. Bitcoin est souvent perçu comme une alternative au système financier existant et un concurrent du dollar américain. Pourtant, le PDG de Coinbase, Brian Armstrong, soutient que Bitcoin pourrait en réalité renforcer la position du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale.

La concurrence comme facteur de discipline

Selon Armstrong, Bitcoin fonctionne comme une sorte de contrôle externe sur la politique américaine. Dans une interview cette semaine, il a déclaré que l’inflation excessive et les politiques budgétaires débridées sont automatiquement sanctionnées par le marché. « Si des déficits ou une inflation excessifs apparaissent, les gens se tournent vers Bitcoin », a expliqué Armstrong. Cette menace oblige les décideurs à rester prudents.

Au cœur de l’argumentation d’Armstrong se trouve une idée simple : tant que le dollar américain reste la meilleure option, les investisseurs internationaux et les gouvernements conservent leur confiance. Mais dès que cette confiance vacille, il existe aujourd’hui une alternative qui échappe au système traditionnel.

Cette alternative, selon Armstrong, impose une discipline. Les banques centrales et les gouvernements ne peuvent plus se permettre de dévaluer le dollar par une création monétaire excessive ou des déficits budgétaires structurellement élevés. La peur de voir le capital s’envoler vers Bitcoin agit comme un frein aux politiques risquées.

« Une inflation de 2 à 3 % ne pose pas de problème tant que l’économie croît de manière comparable », a déclaré Armstrong. « Mais si l’inflation dépasse structurellement la croissance économique, le statut de monnaie de réserve est en fin de compte menacé. »

Dette publique américaine en pleine explosion

Cette mise en garde n’est pas sans fondement. La dette publique américaine a atteint près de 38 mille milliards de dollars et augmente de plusieurs milliards par jour. Les charges d’intérêts représentent une part croissante du budget fédéral, limitant ainsi la marge de manœuvre des politiques.

Dans ce contexte, certains acteurs du marché considèrent Bitcoin et l’or comme des « investissements en cas de dévaluation » : des placements qui profitent de la perte de pouvoir d’achat des monnaies d’État. En octobre, le cours du Bitcoin a atteint un niveau record au-dessus de 125 000 dollars avant de subir une forte correction. L’or, en revanche, a poursuivi son ascension et a récemment enregistré de nouveaux prix records.

Réserve stratégique de Bitcoin

L’intérêt pour Bitcoin croît également au sein de la politique américaine. Sous la présidence de Trump, une réserve stratégique de Bitcoin a été annoncée plus tôt cette année, composée de pièces saisies. Bien que le gouvernement n’achète pas de Bitcoin pour l’instant, ses partisans y voient un moyen de rendre le système financier plus résilient pour l’avenir.

Cependant, les critiques soulignent que la volatilité du Bitcoin le rend inadapté comme réserve stable. De plus, la réserve reste pour l’instant symbolique tant qu’aucune politique active n’y est associée.

Rôle des stablecoins

Parallèlement, un autre point de vue émerge dans le secteur. Selon plusieurs experts, les stablecoins, des monnaies numériques adossées un à un au dollar, pourraient contribuer davantage au renforcement de l’influence américaine que Bitcoin lui-même.

Les stablecoins diffusent le dollar à l’échelle mondiale, notamment dans les pays aux monnaies locales faibles. Grâce à de nouvelles réglementations, comme la loi GENIUS, les émetteurs doivent entièrement couvrir leurs pièces avec des obligations d’État ou des dollars américains, créant ainsi une demande supplémentaire pour la dette américaine.

Selon le ministère américain des Finances, le marché des stablecoins pourrait atteindre 2 mille milliards de dollars dans quelques années, soutenant ainsi structurellement la position du dollar.